Joyeux Noël !

Voilà… 2016 s’achève déjà. Une année qui a été extrêmement riche en événements pour nous.
Le bilan que j’en tire est plein de gratitude car la plupart des ces événements ont été heureux, positifs, réjouissants, à part un : la perte de Diesel dont je ne me suis pas encore totalement remise. Il me manque toujours beaucoup.

Cependant, je dois avouer que Yukon, notre chiot qui a maintenant 6 mois, nous apporte énormément. Il est vif, drôle, intelligent et un peu crapule sur les bords mais il nous fait du bien à tous, en particulier à Rocky qui a retrouvé, malgré ses 11 ans, un belle énergie.

2016 a été jalonnée de belles aventures. On a déménagé dans notre petite maison au bord de la plage, j’ai obtenu ma citoyenneté canadienne, on a découvert le Yukon et on a acheté une maison en rondins, dans le Nord de l’Ontario. Ouais, j’ai pas encore eu le temps de te raconter ça…

L’année a été belle et heureuse et je ne puis qu’être reconnaissante et sereine.

Le rideau se tire bientôt pour laisser place à 2017 que je souhaite, à toi qui passes par ici, heureuse et lumineuse.

Que tu aies avant tout la santé et l’énergie de mener à bien tes projets, de vivre tes rêves. Que tu aies la force, dans notre monde troublé, de faire face au quotidien, et que ton quotidien soit fait de toutes ces petites choses qui font étinceler la vie de mille feux.

Ici la neige est arrivée, les motos sont au chaud. La température est descendue assez bas, mais c’est de toute beauté. Les décorations scintillent dans la blancheur de la neige, la plage est devenue un désert tout blanc, le lac rugit un peu plus fort. C’est magnifique aussi en hiver.

On a décoré l’extérieur et l’intérieur de la maison, on se calfeutre en buvant du vin chaud ou du chocolat, on lit, on profite de ce joli mois de décembre.

Le 25 on décolle pour Calgary d’où nous partirons pour aller découvrir Banff, Whistler, Lake Louise et la belle Nature des Montagnes Rocheuses. On va y passer 5 jours, c’est notre première fois dans cette région.

Je me réjouis de découvrir cette région car apparemment ça ressemble à certains coins des montagnes Suisses. Je pense que je passerai te mettre quelques photos à notre retour.

En attendant, je te laisse avec des images un peu en vrac mais récentes de chez nous, de notre quartier et des chiens qui s’entendent comme larrons en foire (Ahem ! Je me demande bien qui utilise encore cette vieille expression de nos jours…).

Joyeux Noël à toi et beau début d’année. All the best !

Yukon

Ces temps s’il y a bien un mot qu’on a tout le temps à la bouche c’est celui de « Yukon ».

Ça signifie « rivière » en langage inuit. Je l’ai découvert récemment en faisant des recherches pour trouver un nom à notre nouveau chiot.

En rejoignant le Grand Esprit, Diesel a laissé un vide énorme. Et aujourd’hui encore, je suis parfois à l’affût de ses pas, du tintement de son collier, de son odeur.

Je crois le voir, sautant à la porte d’entrés pour me souhaiter la bienvenue.

Aujourd’hui encore, mon coeur se serre quand mes yeux se portent sur la petite boîte qui renferme ses cendre, sur ses médailles de vaccination, sur son collier en cuir ou alors quand je croise un rottweiler dans la rue.

Il y en a un autre aussi qui a beaucoup souffert et qui n’a pas vraiment compris tout de suite que son pote était parti, c’est Rocky.

Au début, je pense qu’il s’imaginait que Diesel allait peut-être se réveiller, revenir. Il était à ses côtés quand il s’est endormi pour toujours dans le jardin, au milieu des fleurs.

Après quelques jours, Rocky a commencé à se languir, à chercher son pote partout, à ne plus vouloir sortir, préférant rester couché sur l’ancien lit de Diesel.

Jour après jours il est devenu moins joueur. Et quand un Jack Russel refuse de jouer, crois-moi, c’est louche.

Il a commencer à perdre l’appétit et  à hurler pendant la journée quand nous étions au boulot.

Étant donné que chez nous, les chiens passent leur journée totalement libres au jardin durant la belle saison, nos voisins qui sont d’adorables retraités, sont plusieurs plusieurs fois le chercher pour le prendre chez eux jusqu’à notre retour du boulot, car il pleurait, seul au milieu des fleurs.

Les matins devenaient de plus en plus pénibles. Aussitôt qu’il nous voyait nous préparer pour le boulot, il commençait à paniquer, à tourner en rond, à donner des signes d’angoisse.

Rocky n’a jamais été un chien seul. D’abord il a eu Ludwig, notre Labrador puis ensuite Diesel, notre Rottweiler. Il n’a jamais été seul une seule fois durant les 11 années de sa vie.

Alors à un moment donné, Rammy et moi on a décidé que ce serait peut-être une bonne idée de reprendre un chien.

D’une part parce qu’on aime avoir deux chiens mais aussi et surtout, pour que Rocky retrouve son énergie et sa joie de vivre.

Moi j’étais pas forcément prête car encore trop dans le deuil de Diesel mais on a commencé à en parler, à envisager vers quelle race et quels critères diriger notre choix.

Les Rottweiler sont et seront toujours mes préférés, mais il m’était clairement impossible d’en avoir un juste après Diesel. J’aurais passés mon temps à les comparer, ça n’aurait pas été sain.

On s’est dit qu’un chien de taille moyenne serait pas mal, vu qu’on les embarque partout avec nous, ce serait tout aussi bien de pouvoir le caser facilement dans la canoë.

En plus Rocky est habitué aux chiens plus gros que lui, il se sent bien avec eux (peut-être parce qu’il se prend pour un gros chien lui-même !)

On a toujours beaucoup aimé les bouviers australiens et les autralians Kelpie.

Non seulement leur apparence, mais aussi leur caractère bien trempé et leur côté solide et sportif. On avait aussi adoré la personnalité du chien dans Red Dog.

On a donc commencé à chercher des éleveurs de ces races et on en a trouvé un, à Niagara.

Il avait justement une portée de 2 mâles, 2 femelles. Le père étant Bouvier australien et la mère étant moitié Autralian Kelpie et moitié Berger australien.

Yukon est né le 15 juin, il est entré dans notre vie le 28 juillet au soir. Il était minuscule.

Le lendemain matin, je l’emmenais à la plage pour sa première promenade. Il a été brave, il a bien marché et s’est rué sur la viande que je lui ai donné.

En un mois, il a bien grandi. Ses oreilles commencent à se dresser, son petit museau s’allonge et il essaie d’aboyer comme un vrai grand chien.

Il est drôle, espiègle, glouton et fait déjà preuve d’une belle endurance.

Et notre Rocky de 11 ans, même si parfois il grogne après ce petit machin qui lui court sans arrêt derrière, eh ben il a repris appétit, énergie et est tout content le matin quand on le sort.

Nos voisins ne l’entendent plus pleurer. Ils le voient parfois se prélasser au soleil avec les petit Yukon qui gigote à ses côtés.

Et au final, il nous fait du bien à tous, ce p’tit gars !

Ce week-end, nous sommes partis marcher et camper 2 jours à Algonquin Provincial Park, histoire de tester notre matos avant notre grand départ pour le Yukon. Et Algonquin, c’était une grande première pour Yukon, notre chiot.

Bon. Je te retrouve dans 3 semaines environ. Samedi, on décolle pour le Yukon. On a l’adrénaline au plafond.

Tu vois, quand je te disais que ces jours on a sans arrêt ce mot à la bouche…

À bientôt, et que le beau mois de septembre te soit doux et clément.

Yukon le soir de son arrivée chez nous :

13901488_10154029618298692_4436990200632252681_n

Yukon maintenant :

13988187_10154060293458692_1254035900387846717_o14055110_10154077295838692_9144953897109571333_n

 

Talerschwingen

Quand j’étais petite, mes parents écoutaient parfois de la musique folklorique suisse, surtout de la région de l’Appenzell. Mon frère et moi on aimait bien.

Aujourd’hui encore, c’est ma musique traditionnelle suisse préférée. J’aime bien son côté « Musique des Alpes un peu Tzigane »

Mais entre le « quand j’étais petite » et le « aujourd’hui encore », j’ai été ado et jeune adulte et là, fallait pas pousser ! Toute musique traditionnelle était marquée du sceau « cul-cul et ringarde » et il n’était même pas question que je passe ne serait-ce qu’une heure dans une soirée du 1er août (fête nationale suisse) où on risquait d’en entendre ! Ah ça non, la honte ! Et de toute façon mes oreilles allaient se mettre à saigner, c’était juste pas possible !

Je me souviens qu’un jour ma maman m’avait dit, en entendant ce morceau de Talerschwingen et de yodel « Écoute cette puissance, écoute comme on ressent la force de nos montagnes… moi si j’étais Suisse expatriée, ça me tirerait les larmes et mon coeur s’emballerait ».

À l’époque, j’étais juste une ado suisse qui écoutait du punk et du métal et j’étais encore bien loin de mon aventure d’expat’. Quant à la force des montagnes, elle passait clairement au-dessus de ma crête de punk.

Je lui avais lancé mon regard noir, ultra maquillé à la « Nina Hagen » et étais retournée dans ma chambre en ronchonnant, m’empressant de couvrir cet horrible son des Alpes par un bon gros Sex Pistols des familles !

Récemment, lors d’un voyage en Suisse, je suis allée fouiller dans notre sanctuaire familial, le galetas. C’est un peu l’île au trésor ce galetas. Je pourrais rester des heures à farfouiller, la lampe de poche entre les dents, à ouvrir des boîtes poussiéreuses ou feuilleter de vieux bouquins, avec la voix de mon papa, montant de la cuisine « Hey, tu remets bien tout en place, hein ? »

Oui, j’ai bien tout rangé, mais je suis redescendue avec quelques disques. « Papa, j’peux prendre ces disques quand je retourne au Canada ? » mon papa est plus high tech que moi, il n’écoute plus de vinyles.

Au coeur de ma petite sélection il y avait ce disque « Mitenand goht’s besser »… ouais… le disque de la honte, quoi ! J’ai clairement ignoré le regard courroucé que me lançait mon « moi » adolescente et je suis allée le glisser dans ma valise.

L’autre jour, je faisais de la poutze (qui, dans notre jargon suisse-romand signifie « faire le ménage » et qui vient de l’allemand « putzen ») et j’ai repensé à ce disque. Je crois que c’est parce que c’était un samedi matin, que le soleil brillait et que toutes les fenêtres étaient grandes ouvertes.

Je ne me souvenais plus de tous les morceaux avec précision, ça faisait des années que je m’étais bien gardée de les écouter, mais tu sais comment c’est avec la musique : tout ressurgit très vite.

Et cette fois, je n’ai pas eu la honte du tout ! Au contraire, la contrebasse et le son du « Talerschwingen », m’ont mis le sourire aux lèvres, je me suis sentie heureuse comme Heidi quand elle retrouve ses Alpes (le gros cliché du jour, quoi !)

Et quand le morceau en question est arrivé, j’ai revécu la scène mais avec tellement de précision : ma maman, ce matin ensoleillé où elle m’avait dit ça avec son sourire tout doux, un peu à la Romy Schneider et j’ai pensé fort à elle et je lui ai dit « T’avais raison maman…ça rebouille le coeur quand on est loin de chez nous »

Un jour ou l’autre, on finit toujours par redécouvrir les pépites que la vie sème ici et là, mais comme disait ma maman « chaque chose en son temps et un temps pour chaque chose ». Là aussi elle avait raison ❤

P.S. Quand j’ai ouvert la pochette du disque, il y avait un bonus à l’intérieur : la dédicace des musiciens. Le 3 juillet 1977.

On a dû les voir en « LIVE » en famille, quand j’étais petite…

Bon allez… j’te laisse… j’ai un album de « Lamb of God » qui m’attend 😉

Ça là, c’est le fameux morceau :

Pis là, c’est le côté joyeux qui me fait aimer cette musique… tu vois, quand je te parle de la petite touche Tzigane… le violon, mon instrument préféré 🙂

The Algonquin Effect

Le week-end passé a été un parfait combo, tu sais, comme quand tout à coup, les étoiles et les planètes s’alignent à la perfection :
– La Thanksgiving canadienne (= week-end de 3 jours)
– L’Apogée des couleurs en Algonquin
– L’Été indien (= vagues de chaleur)

Ça doit faire des lustres que ces trois facteurs n’ont pas été autant en symbiose.
Thanksgiving, sous un seul nom, a plusieurs visages, selon si on est religieux, non religieux, épicurien, coureur des bois ou festoyeur.

Nous on a décidé de rendre grâce à ce qui nous semble la seule et unique force qui accompagne notre vie, j’ai nommé Mother Nature aka Le Grand Esprit. Et, sans surprise, c’est en Algonquin que nous avons décidé de passer ces 3 jours.

Le parc provincial de l’Algonquin fait 7’600 kilomètre carrés. Il abrite 2’400 lacs et 1’200 km de rivières. C’est un endroit souvent qualifié de « world capital of canoeing » et tu comprends pourquoi.

Et on a beau y accumuler des week-ends et des séjours depuis des années, on en connaît à peine le quart. On a beaucoup fait la partie sud du parc (qui est aussi la plus proche de Toronto, entre 4 et 5 heures de route) mais il nous reste encore une bonne quantité de terres inexplorées, de lacs inconnus et c’est tant mieux.

Algonquin, tu pourrais passer ta vie à l’explorer sans jamais connaître tous ses secrets. À part peut-être les rangers qui y bossent et qui connaissent les lieux comme le dos de leur main.

Une fois de plus, on a opté pour l’entrée Ouest, Highway 60 et pour se faire plaisir aux yeux, même si c’est un poil plus long, on a pris la Highway 35 pour rejoindre la 60. Ça vaut le détour si on est à moto mais aussi et surtout, c’est particulièrement magnifique à cette saison.

Cette route on l’a faite des dizaines de fois, à moto ou en Jeep avec le canoë sur le toit. C’est une route qu’on connaît par coeur.

Samedi passé, on a opté pour la Jeep car pour la Thanksgiving, on voulait absolument avoir nos deux chiens avec nous. C’est un peu un truc de famille aussi, cette fête et on voulait que les chiens en fassent partie.

Sur la route, entre deux chansons de Johnny Cash ou First Aid Kit, nous nous sommes amusés à nous remémorer et récapituler les lacs où nous avons ramé, les lieux où nous avons campé, marché et parfois, il faut le dire, souffert un peu, surtout durant la saison hivernale.

Opeongo Lake, Booth Lake, Kitty Lake, Farm Lake, Mew Lake, Canisbay Lake, Canoe Lake, Bear Island, Oxtongue River, Smoke Lake, Timber Trail, Western Uplands, autant de noms qui me font me sentir comme une héroïne de Jack London.

Oui, je sais, les abus de lecture pendant l’enfance ont de sérieuses répercussions sur l’âge adulte. Quand on passe trop de nuits sous les couvertures, la lampe de poche braquée sur les pages d’un bouquin, on finit par se prendre pour le héros ou l’héroïne de service pour un oui ou pour un non.

Je pourrais écrire des pages sur Algonquin. C’est là que j’ai entendu mes premières loons chanter, et  que j’ai vu des élans pour la première fois et c’est là aussi que des loups ont répondu à nos pathétiques tentatives de hurlements.

À Algonquin, nous avons été dévorés vivants par les moustiques et les mouches noires, on a dormi sous tente, sous tepee, à la belle étoile, entourés des bourdonnements d’insectes et de chants d’oiseaux ou dans le silence glacé des nuits enneigées.

On a traîné nos luges surchargées de matos dans la neige du jour de l’an, on a pêché des moules fraîches, repéré des traces d’ours, écouté le chant des whip poor will, on a ramé des journées entières, sous le soleil, sous la pluie aussi, on a porté nos canoës sur notre dos, au-delà des rapides, on a cuit notre bannock (aka muqpauraq), on a nagé, on a chanté, parlé des heures autour du feu, on a taillé des outils, lu des bouquins dans un hamac, tressé des dreamcatchers.

Algonquin c’est aussi et avant tout, le nom d’une communauté des Premières Nations. Le Grand Esprit y a été honoré et respecté pendant des siècles et malgré les blessures de l’histoire, cette énergie est là encore. Forte, vibrante, palpitante.

Et quand tu entres au Royaume des Algonquins, tu as deux options : soit tu résistes, tu t’accroches à ton portable, à ton sandwich MacDo et tu prends quelques photos à la va-vite depuis ta bagnole avant de repartir vers la ville, ou alors tu décides de t’enfoncer dans la Nature sauvage, tel que tu es, face aux forces du soleil, des arbres, de la lune, des lacs et tu te laisses happer par ce tourbillon de puissance brute.

On dit qu’une image vaut mille mots alors tiens, en 51’000 mots, voilà Algonquin en vrac, sans ordre chronologique précis.

Je te souhaite à toi aussi, d’avoir un coin, quelque part sur cette planète qui te fasse « l’effet Algonquin ».

Passe un beau week-end d’automne.

12138329_10153263995182169_6339448681314201622_o

Mew Lake, Thanksgiving 2015

12132443_10153263992242169_1950053549031469621_o

Mew Lake, Thanksgiving 2015

12087871_10153263992622169_3831133789892289726_o

Mew Lake, Thanksgiving 2015

12068444_10153263995227169_136479052282623590_o

Highway 60, Thanksgiving 2015

12017700_10153263993462169_838444463996952586_o

Highway 60, entrée ouest, Thanksgiving 2015

11419328_10153000172067169_3627990655675491388_o

Canisbay Lake, juin 2015

11402529_10153000172612169_52762285502195771_o

Canisbay Lake, juin 2015

10900153_10153263992352169_3554046135298407409_o

Mew Lake, Thanksgiving 2015

10911488_10152745220113692_3304596904682502685_o

Western Uplands, décembre 2014

10983313_10152854264748692_468789869259354936_o

Mew Lake, février 2015

10994050_10152854261738692_9164556611969401545_o

Mew Lake, février 2015

10997777_10152725322062169_4358194798499340784_o

Highway 60, décembre 2014

10997777_10152725322077169_8578325791189336777_o

Mew Lake, février 2015

11064283_10153000172937169_6566555792525844700_o

Highway 60, entrée ouest, juin 2015

11212681_10152946791807169_4539692513603875677_o

Canisbay Lake, juin 2015, cuisson du bannock

10887522_10152745219738692_3008362244538299769_o

Western Uplands, décembre 2014

10887302_10152745221603692_1433391363051581994_o

Western Uplands, décembre 2014

10887288_10152744938033692_6415437377659326596_o

Western Uplands, décembre 2014

10885585_10152615060207169_3744482075665669689_n

Western Uplands, décembre 2014

10885585_10152615060192169_6923086874987552241_n

Western Uplands, décembre 2014

10885585_10152615060187169_3534649486003616507_n

Western Uplands, décembre 2014

10835394_10152745218983692_2232255157816376210_o

Highway 60, entrée ouest,, décembre 2014

10830568_10152745220443692_4051753831774984883_o

Western Uplands, décembre 2014

10443104_10152345444418692_583824575521480298_o

Booth Lake, juillet 2014 (photo Ramtin Kazemi)

10471394_10152345444588692_5849738648513936716_o

Booth Lake, juillet 2014 (photo Ramtin Kazemi)

10493051_10152345673018692_8339261260806632866_o

Farm Lake, juillet 2014

10498672_10152351385233692_7730331511001608733_o

Booth Lake, juillet 2014 (photo Ramtin Kazemi)

10499371_10152345670643692_7251721787008682290_o

Booth Lake, juillet 2014

10504783_10152745218963692_1402365017289102734_o

Western Uplands, décembre 2014

10536530_10152361201058692_392708161265694171_o

Booth Lake, juillet 2014 (photo Ramtin Kazemi)

10818392_10152745167133692_5225556940650405505_o

Western Uplands, décembre 2014

10428242_10152345444258692_7010378640687681450_o

Booth Lake, juillet 2014 (photo Ramtin Kazemi)

10396272_10152631634523692_5087392051626872718_n

Opeongo Lake, septembre 2012

10393976_10152631635993692_5832739694297300577_n

Opeongo Lake, septembre 2012

1957678_10152745220323692_463435065783297246_o

Western Uplands, décembre 2014

1743638_10152614992307169_9024947421629896280_n

Western Uplands, décembre 2014

1269450_10151773635128692_1347620093_o

Highway 60, octobre 2013

1045097_10151515757557169_883171784_n

Opeongo Lake, Bear island, juillet 2013 (chili maison)

1044819_10151515756132169_614840848_n

Opeongo Lake, Bear island, juillet 2013

1044677_10151515757862169_1810554530_n

Opeongo Lake, Bear island, juillet 2013

1044647_10151515755402169_1789202756_n

Opeongo Lake, juillet 2013

1010041_10151515756702169_2056857643_n

Opeongo Lake, Bear island, juillet 2013

1001177_10151515756482169_395564937_n

Opeongo Lake, Bear island, juillet 2013

999659_10151515758112169_2104886109_n

Opeongo Lake, Bear island, juillet 2013

968966_10151515757027169_1503556997_n

Opeongo Lake, Bear island, juillet 2013

942080_10151515757817169_844250130_n

Opeongo Lake, Bear island, juillet 2013

561106_10151046998647169_854747024_n

Opeongo Lake, septembre 2012

408278_10151046998067169_1491263611_n

Opeongo Lake, septembre 2012

480848_10151515757952169_2109860280_n

Opeongo Lake, septembre 2012

539283_10151046999647169_749209724_n

Opeongo Lake, septembre 2012

376858_10151047463717169_211563011_n

Evangéline

Ma mère me disait toujours « la qualité est bien plus importante que la quantité ». Moi, ado, je ne partageais pas trop ce point de vue. Je préférais avoir plein de trucs un peu nuls, qu’un seul truc vraiment canon.

Puis on grandit, on change et petit à petit, on réalise que c’est juste. Ce qui compte c’est que ce soit tellement bon ou beau qu’une petite dose suffit.

Je reviens d’un week-end qui a été parfait du début à la fin. 2 jours qui nous ont laissé ce sourire aux lèvres, cette sérénité et cette légère douleur abdominale propre aux éclats de rires en raffale. 2 jours qui nous ont fait autant de bien qu’une semaine de vacances. Un peu plus de 48 heures, mais de qualité pure.

Vendredi soir nous avons pris la route pour avaler les 120 km qui nous séparent de la maison de nos amis. 120 km c’est rien au Canada. Tu pars en fin de journée, après le boulot.

Le trajet avait déjà un avant-goût de bonheur. Tu sens quand ça va être particulier. Lorsque nous somme sortis de l’autoroute et nous sommes engagés sur la petite highway 45, le soleil commençait à décliner et le paysage à s’adoucir d’une légère brume d’été.

Ooooh ces brumes d’été qui ajoutent cette petite touche de mystère aux vallons, comme je les aime. L’air était chaud, ça sentait bon la mi-août dans notre belle province de l’Ontario. Cette fin d’été tellement fugace. On s’est dit « faut qu’on profite au max de cette douceur et de cette chaleur, parce que bientôt viendra le temps des épis de maïs et des citrouilles ».

La maison de nos amis n’est rien d’autre qu’un petit paradis sur Terre. Elle est accueillante, toute faite de rondins. C’est une maison généreuse, comme les âmes qui l’habitent.
Les plafonds sont hauts, les pièces chaleureuses et quand tu y entres, ça sent bon. Elle est cachée au coeur de la nature, entourée d’un immense jardin potager d’un côté, et de l’autre d’une forêt et de quelques érables. Et cerise sur la gâteau, une rivière passe juste devant. Et chaque instant est accompagné de son frais murmure. Elle ne s’arrête de chanter qu’en hiver, à l’arrivée de la glace. Des dizaines de variétés d’oiseaux viennent se poser sur le toit, la terrasse, les arbres environnants. Des balbuzards, des martin-pêcheurs, des colibris et j’en passe.

Je résumerai ce week-end en quelques mots : bonnes bouffes maison, vin, rires jusqu’au petit matin, réveil au chant des oiseaux, baignade, canoë, jardin, feu de bois, voie lactée, étoiles filantes, odeur des arbres, loutres, oiseaux, papotages au soleil, paresse, déconnades.

Et pas mal d’émotions aussi. Évangéline. Le Grand dérangement. 1755.

Parce que samedi c’était la fête des Acadiens.

Dans cette petite bande de 6 que nous formions, il y a un Acadien et on a fêté comme il se doit avec du homard du Nouveau-Brunswick, des huîtres de l’île du Prince Édouard et de la musique de cette belle côte est.

On a trinqué à cette région, à cette communauté, le sourire aux lèvre et la gorge serrée. Il y avait un peu d’eau dans les yeux de notre ami. Parce que pour un instant, son Acadie lui manquait. Il pensait à la marée, aux phares, aux bateaux et l’espace de quelques secondes, il s’est senti un peu comme un immigré dans son propre pays. Les 1’500 km qui le séparent de ses terres d’origine ont dû lui sembler des années-lumière.

Et nous, les autres, on a pris un peu de sa nostalgie en nous pour soulager son coeur en l’écoutant raconter Évangéline, l’arrivée de l’armée anglaise, et comment les Indiens Micmacs de Nouvelle-Écosse ont risqué leur vie pour accueillir et protéger des Acadiens du génocide. Il n’y avait ni haine, ni rancoeur dans sa voix. Juste de la tristesse mais aussi de la fierté. La fierté de faire partie de cette communauté qui, malgré le déportation, a réussi à perpétuer sa langue et sa culture.

Alors notre petit équipe tout colorée comme un bout de patchwork, avec nos héritages et nos accents respectifs tellement différents, on a bu, on a chanté en anglais et en français et on a dansé pour cette belle Acadie.

Hier, sur le chemin du retour, on a vu des paysans qui avaient monté des petites échoppes au bord de la route pour vendre des myrtilles, des fraises… et du maïs. Dans 2 semaines, on en verra partout, et peu après, ce sera le temps des citrouilles. Mais au moins, on aura tenu la promesse qu’on s’était faite vendredi soir sur cette jolie route : on aura profité au max de ce beau week-end de la mi-août.

J’aimerais pourvoir déposer ici les odeurs, les sons, les arômes de ce bel été mais à défaut de mieux, je te laisse quelques images.

DSCF3193 DSCF3194 DSCF3198 DSCF3203 DSCF3235 DSCF3273 DSCF3286 DSCF3288 DSCF3289 DSCF3292 DSCF3297 DSCF3301 DSCF3308

So long old Friend…

Le 1er avril dernier, lorsque je l’ai sortie de ses 4 mois d’hibernation, je savais déjà qu’une autre allait prendre sa place. Elle commençait à souffrir, les épreuves que je lui imposais commençaient à lui peser. J’avais entamé toutes les procédures paperassière, un peu comme on entame une procédure de divorce (enfin… j’imagine que ça doit être comme ça).

Sauf que là, dans le cas de cette séparation, l’amour n’était pas en cause. Je l’aimais sincèrement et je savais ce ne serait pas facile.
Mais ce mercredi 1er avril, j’étais encore bien relax, je refusais d’y penser. Pas tout de suite du moins. Je savais que l’autre, sa remplaçante, n’arriverait pas avant fin juin, il me restait encore 3 mois à partager des trucs avec elle, et à ajouter quelques lignes à la liste déjà bien longue, de nos aventures.

Mais des fois, la vie en décide autrement. Elle te joue des tours, te fait des surprises, précipitant, du coup, certains événements et tu te retrouves à devoir te faire à l’idée de la séparation plus vite que prévu.

La semaine passée, le concessionnaire m’appelle, tout heureux de m’annoncer que ma nouvelle conquête allait arriver plus tôt que prévu, qu’en fait, sa date d’atterrissage au Canada était passée de fin juin à fin avril. Bouffée d’euphorie immédiate, suivie de suite par « il ne me reste plus que quelques jours avec ma Suzuki ».

La semaine passée a été ma dernière semaine avec celle qui a partagé tellement d’aventures avec moi. Quand je suis partie avec elle au travail lundi matin, j’avais une sorte de boule dans le coeur. C’est con quand tu penses, c’est juste une moto mais en fait, c’est bien plus que ça.

Elle, elle m’a courageusement et malgré son cylindre unique, emmenée dans un road trip inoubliable au Nouveau-Brunswick.
On a traversé ensemble l’état de New-York, Le New Hampshire, le Vermont, le Maine, jusqu’à la côte Est canadienne. Elle a tenu bon. Elle ne m’a pas lâchée, malgré l’autoroute, le moteur qui gueulait et les vibrations de la fourche.
Elle a eu la générosité de tenir le coup jusqu’à notre arrivée au Nouveau-Brunswick et là, elle s’est offerte le luxe de lâcher prise. Enfin… pas elle vraiment… sa batterie. Elle a eu droit à une belle batterie toute neuve, bien méritée, achetée à Moncton. En signe de reconnaissance, elle m’a offert un retour à Toronto sans broncher, malgré une journée entière sous la pluie.

Elle m’a fait découvrir des coins insoupçonnés, ici même, dans la ville. Elle m’a poussée à explorer, à chercher de plus jolies routes, à être curieuse. Quand t’es en bagnole, tu te contentes de grogner dans les bouchons du centre-ville en montant le volume de ta radio. Quand t’es à bécane, va savoir pourquoi, tu cherches d’autres voies, d’autres chemins, d’autres passages et tu fais des découvertes inattendues dans ta propre ville. C’est ça, être sur 2 roues.

Elle m’a emmenée en moto-camping, on a fait des virés dans l’Est, dans le Nord, elle m’a entraînée dans les paysages flamboyants de l’automne ontarien. Je me suis marrée dessus, j’ai vécu des moments absolument inoubliables. Elle m’a fait vibrer, m’a rendue sensible aux odeurs, aux sons, au vent et surtout, elle m’a apaisée à un moment où j’en avais besoin. Elle a été là pour moi alors que je vivais le deuil de ma maman. J’ai pleuré sur cette moto, les larmes dissimulées derrière la visière de mon casque, j’ai hurlé, gueulé sur des chemins de campagnes, je me suis défoulée et elle m’a offert sa patience et sa force. Elle m’a bercée de son pouvoir chamanique, m’a consolée, rassurée et plus que tout, elle m’a soutenue dans cette longue période de deuil.

Ma semaine passée a été une semaine d’adieu, la boule au ventre.
Chaque jour, j’ai pris une chemin différente pour aller travailler. J’ai voulu lui faire revivre une dernière fois toutes nos routes préférées. Queen Street et ses boutiques, Danforth qui sent bon la bouffe grecque, Kingston et ses perpétuels travaux, les nombreux parcs qu’on a si souvent traversés ensemble. Je me suis refaite le film de nos bons moments et, forcément, les mauvais moments sont passés aux oubliettes. La fois où je suis tombée en panne, la fois où je me suis cassée la figure (sans gravité) ne sont restées que de vagues souvenirs. Seuls les bons souvenirs ont tourné en boucle dans ma tête. Et je crois que le Grand Esprit a eu connaissance de cette grosse boule que j’avais à l’estomac car il a fait flamboyer le ciel chaque jour de la semaine, comme s’il voulait me dire : « vas-y profite encore au max, je garde la pluie pour une autre fois ». Jeudi soir a été ma dernière sortie avec elle. Pour une dernière fois, quelques larmes ont coulé derrière ma visière.

Je suis rentrée, je l’ai mise au garage et je lui ai dit « merci pour tout ». Sincèrement, du fond du coeur. Je lui ai flatté le dos, comme un flatterait un bon cheval ou un chien fidèle. Je lui ai promis de lui trouver un bon propriétaire, j’avais d’ailleurs refusé de l’inclure dans le deal de ma nouvelle bécane, je ne voulais pas qu’elle finisse en pièces détachées.
Je voulais savoir où elle irait, peu importe le temps que ça prendrait. Et le Grand Esprit, une fois de plus, m’a fait un immense cadeau. J’ai pu tenir ma promesse, je lui ai trouvé un bon propriétaire. Un de nos amis a passé hier son permis moto et m’a demandé si j’accepterais de lui vendre ma Suzuki. Elle part chez lui cette semaine. Elle reste à Toronto, chez quelqu’un que je connais bien, quelqu’un qui viendra même rouler avec nous. Je garderai un oeil sur elle, même si elle ne m’appartient plus. Hier je l’ai lavée, bichonnée pomponnée, elle est nickel et fin prête à partir vers de nouvelles aventures.

Là, quand je me relis, je réalise que ça doit paraître complètement taré de parler à sa moto et d’en parler comme s’il s’agissait d’un être vivant. Je crois qu’il faut le vivre, pour comprendre la relation qu’on établit avec nos deux roues.

Aujourd’hui, juste une semaine après, mon esprit est serein. Tout s’est assemblé parfaitement, au bon moment, et je me laisse aller à la joie d’apprivoiser ma nouvelle conquête, ma belle Scrambler. C’est comme si elle avait été fabriquée juste pour moi. Il aura suffi de quelques jours pour que je l’aime et que je me sente en confiance. Un nouveau chapitre vient de s’ouvrir dans ma vie. La boule de nostalgie est devenue boule d’exaltation. Mais dans un coin de mon coeur, claqueront toujours les « backfire » si caractéristiques de ma S40.

So long my Suzuki, thanks for everything, my friend. And welcome my Scrambler.

11168_10151612033672169_2106382265_n

Avant notre départ au Nouveau-Brunswick (été 2013)

10544198_10152257682752169_7204426162409141625_o

Darlington Provincial Park, Ontario (été 2014)

11150487_10153023684618692_2972059015810665624_n11096617_10153023679603692_4139096984624373394_o

Hier, en train de la faire briller, juste à côté de ma nouvelle Scrambler

« Lemmy’s probably drinking Jack and Coke and writing another record »

Ce matin, l’ing’ du son et moi on papotait à la machine à café (on n’a toujours rien à glander, comme tu peux le voir). Alors on discutait sur des films, et comme d’habitude, on parlait de productions qui n’ont rien, mais rien du tout à voir avec les longs métrages Hollywoodaubiques sur lesquels on bosse en général.

Ou alors, si on parle de trucs de Hollywood,  il faut que ce soit un bijou comme par exemple mon film culte « Apocalypse Now » que je ne mets même pas en lien vu qu’il est une légende à lui tout seul. Un son à tomber, un boulot incroyable au niveau du mixage et le premier film à avoir été mixé en « surround 5.1 » (j’ai fini pour le blabla technique) (n’empêche qu’un de ces 4 il faudra que je consacre un billet à ce film)

Ce matin, je ne sais plus comment c’est arrivé sur le tapis mais il me demande si j’ai déjà vu le film « Lemmy – 49% Motherfucker 51% Son Of A Bitch ».

Moi tu sais que malgré des années de « rave » et autres « Street Parade » dans les jambes, ben j’suis quand même  très punk’n’roll dans les tréfonds de mon p’tit coeur.

Quoi ??? Un film sur Lemmy qui m’aurait échappé ???

Il a fallu que je google (pffff ! la fille est complètement contaminée !) en urgence ce documentaire. Parce qu’il faut bien l’avouer hein, Lemmy c’est le Chuck Norris du rock’n’roll. Si tu veux faire du jus de rock, tu presses Lemmy (et on peut déjà prédire que ça aura un goût de Jack !). Il a beau m’avoir rendue sourde plus d’une fois, le bougre (j’ai encore le souvenir de ce concert dont mes tympans ont mis 4 jours à se remettre) (non, je ne m’en vante pas mais c’était trop bon quand même !), ben je l’aime.

D’ailleurs ce serait trop cool s’il faisait une apparition dans « Sons of Anarchy ». Je serais aux anges (enfin aux Hells Angels), t’imagine même pas !

Comment ça, j’en demande trop ? Mais pas du tout ! Parce que Kurt Sutter le génial créateur des « Sons » et Lemmy, ben je suis sûre qu’ils s’entendraient bien. J’dis ça mais ils se connaissent sûrement déjà comme cul et chemise et boivent l’apéro du vendredi soir ensemble en tirant dans des boîtes de conserves !

Bref ! Je digresse complètement là. Je reviens au film. Quand tu mates une bande-annonce et que tu vois en même temps Dave Grohl et Lemmy, ben voilà, ta journée est réussie ! Même s’il n’est que 11h00 du mat’, tu sais que ça va être une bonne journée, que t’auras la Baraka !

V’là le site officiel du film et la bande-annonce :

… et je crois bien que je sais ce que je vais faire ce week-end 🙂

Vibe of the day…

Je le savais ! *sourire jusqu’aux oreilles* Je savais que dès qu’avril se pointerait, mon sourire et ma pêche reprendraient du service ! Même si on se les caille encore, il fait super beau, on a commencé à nettoyer le jardin, on regarde pour des nouveaux meubles extérieurs, on planifie ce qu’on va planter cette année et… nos motos sont là ! Okay… la cure de magnésium que je fais a peut-être quelque chose à voir avec mon euphorie mais en tout cas, c’est ma sortie officielle de l’hibernation. Et pour fêter ça, je partage avec toi, ce petit trésor que Sébastien Léger vient de poster sur Fesse de Bouc ! Enjoy 🙂

Comment dire…

Il y a de ces livres dont tu entends parler, dont tu te dis que tu dois, que tu veux les lire. Qu’ils sont incontournable. Il y a quelques temps, j’ai entendu parler de ce livre. J’ai tout de suite su que j’allais le lire. J’ai entendu son auteur en parler aussi. Elle m’a touchée dès ses premiers mots.

Ce livre, ça fait déjà quelques temps qu’il traîne chez moi. Sur mon bureau, bien en évidence. Plusieurs fois par jour, mes yeux se sont portés sur sa couverture. Une belle femme blonde, de profil, la clope à la main. Tous les jours il a été là, mais ce n’était jamais « le moment » de tourner la première page. Je savais que quand je l’ouvrirais, j’ouvrirais aussi une porte sur moi, sur une grande partie de ma vie. Alors j’ai longtemps reporté le moment de le découvrir.

Puis il y a eu ce week-end, là, celui qui vient de passer. Il s’annonçait une week-end de totale liberté (j’entends par là : rien de prévu avec les amis, pas de sorties, ni de bouffe, rien de rien, ce qui est extrêmement rare). Un week-end parfait pour traîner. Je le sentais venir, ce bouquin. Toutes les conditions requises à sa lecture étaient respectées : n’avoir rien à faire et être seule. Je devais être seule car je savais que j’allais pleurer, qu’il allait me rebouiller, me toucher, me bouleverser. J’aime pas pleurer devant les gens que j’aime.

Mon homme avait reçu sa nouvelle moto et je savais qu’il passerait le plus clair de cette fin de semaine à la bricoler au garage, j’avais donc le champ libre.

Samedi matin, j’ai allumé un feu dans la cheminée (mon arme de destruction massive contre la sale mois de mars), je me suis vautrée sur la canapé, enroulée dans ma couverture et j’ai ouvert « Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan.

Et bien entendu, je l’ai pris de plein fouet. Ça m’a fait cet effet bizarre dans le creux de l’estomac. J’ai ressenti un peu le même choc que j’avais ressenti à ce concert de Pantera, au moment où ils ont envoyé la sauce et que le son m’a presque jetée en arrière. Ça m’a sonnée.

Delphine de Vigan et moi, on a à peu près le même âge. Pas le même parcours, pas la même vie, c’est son histoire à elle, loin de moi l’idée de me l’approprier, mais toutes les deux, nous avons connu cette enfance avec une maman au regard « ailleurs », « absent ». À cause de ce regard, maman m’a souvent fait penser à Romy Schneider.

Lucile, la maman de Delphine, était comme la mienne : belle, un peu sur la réserve, un peu dans son monde, très souvent ailleurs. Et comme Lucile, ma maman était nulle en gym lorsqu’elle était petite (elle me l’a souvent dit) et n’était pas capable de grimper à la corde. Comme Lucile aussi, un beau jour, mue par une force formidable, celle qui n’arrivait pas grimper à la corde a réussi à se hisser hors des ténèbres dans lesquels elle était enfermée depuis plus de 10 ans.

Et même si les symptômes étaient différents, même si nos mamans n’étaient pas les mêmes, n’empêche que la maladie était là, dans les deux cas. Et Delphine de Vigan a eu les mots justes. Des mots qui m’ont fait mal mais qui m’ont fait du bien. Tout au long de ma lecture, à travers mes mes larmes, j’ai pensé « c’est tellement juste », « c’est vrai, ça ».  Ce livre exprime tellement bien ce que peut ressentir une maman dépressive et comment ses enfants vivent cette situation.

Comme Lucile, maman a fourni des efforts surhumains pendant des années pour : se lever, s’habiller, essayer de vivre, être avec des gens, prendre le train, manger, sourire. Ceux qui n’ont pas vécu ça de près ne peuvent le comprendre. D’ailleurs ça me désole de me heurter à l’intolérance générale face à ces maladies. J’en peux plus d’entendre des qualificatifs comme « folle », « débile » ou autre « il/elle n »a qu’à se mettre un coup de pied au cul ». Des coups de pieds au cul, ils s’en mettent à longueur de temps, les gens dépressifs. On est en 2013 et on entend encore des propos dignes du Moyen-Âge le plus crasse !

Delphine de Vigan a fait un travail incroyable. Celui d’aller fouiller au coeur de sa famille, pour se rapprocher de cette maman un peu inconnue, un peu mystérieuse. Elle a su exprimer ce que nous, les enfants d’un parent dépressif peuvent ressentir : la peur que maman meure, l’angoisse de rentrer de l’école et de ne pas savoir dans quel état elle sera, et ensuite, cette façon de culpabiliser dès que quelque chose ne va pas.

Ça aussi c’est dur. À un moment donné (à l’adolescence en particulier) t’as envie de gueuler, d’exploser, mais t’oses pas, parce que t’as toujours peur de mettre le chaos dans ce fragile équilibre que le parent dépressif essaie de construire. Alors tu t’exprimes autrement. Et là encore, un point commun avec l’auteur : j’ai arrêté de bouffer. T’appelles au secours. Pis tu te rends compte qu’en fait, tu ne fais que retourner le couteau dans la plaie. Elle le sait, ta maman, que tu souffres de la situtation.

Je sais que le mienne en avait conscience, c’est pour ça qu’elle a cassé cette espèce de « malédiction ». C’est pour ça qu’elle a fait face et qu’elle a eu le courage de suivre une longue psychothérapie. C’est un travail de titan, c’est se mettre chaque jour à nu, c’est revivre sa douleur. Mais comme Lucile, un jour, maman s’est extirpée de sa tristesse, elle a recommencé à voir la lumière, à lire, à se passionner, à rire, à aimer la bouffe, à jouir de la vie. Elle a réussi cet exploit de sortir de cette noirceur.

Et lorsque maman elle a été atteinte du cancer du pancréas (Lucile a été atteinte du même mal), je me souviens qu’elle m’ait dit au téléphone un jour : « le cancer, la chimio, tout ça c’est rien, à côté de la dépression ».

Comme Delphine de Vigan, je me suis souvent demandée quelle a été l’enfance de maman. Non pas qu’elle la dissimulait, elle en parlait parfois de manière tout à fait spontanée, mais elle racontait plutôt des anecdotes positives. J’ai appris par la suite, d’autres détails, heureux ou moins, mais c’est vrai qu’à l’époque, je n’avais jamais vraiment chercher à creuser.

Maman était là, elle allait vraiment mieux et cela seul comptait. Maintenant qu’elle est partie, je me pose davantage de questions sur la petite fille qu’elle était. Un jour peut-être, j’aurai le courage de fouiller, mais je sais d’avance que c’est pas gagné. On est une famille bien suisse où on parle des choses entre nous quand on en a la chance, mais souvent quand même, tout doit rester « discret ».

J’aime aussi que l’auteur, malgré tout, insiste sur les moments lumineux, les partages, le bonheur tonitruant. Parce que c’est vrai, tout ça, ça continue, ça se tricote entre les mailles de la tristesse et tout ça ensemble fait ce que nous sommes.

Et je ne peux pas parler de ça, sans parler de la façon dont papa a fait face. Comment il est resté solide à ses côté, comment il a géré : boulot, enfants, devoirs. Il a été là à chaque instant, faisant du quotidien de mon frère et moi, quelque chose de lumineux malgré tout et je suis convaincue, qu’il a sa part dans la victoire de maman.

Il me reste la fin à lire. Les dernières pages. Celles que je n’ai pas eu le courage de découvrir, hier soir. Parce qu’il fallait souper, parce qu’on voulait passer une soirée tranquille ensemble, mon homme et moi, parce qu’il fallait que je prépare le repas à emporter pour nous, parce que… parce que… parce que je me suis trouvée plein d’excuses pour ne pas le faire.

J’ai compris que ces dernières pages parlent des cadeaux d’adieux de Lucile aux siens, de lettres ou d’une lettre d’adieux aussi, et j’ai juste pas eu le courage, parce que dans mon histoire à moi, y a pas eu d’adieux. Y a eu un avion, arrivé trop tard pour la serrer une dernière fois dans mes bras.

2 ans après, j’ai encore de la difficulté à digérer ce que je considère comme une sorte d’injustice, même si j’ai envie de croire qu’il y a une raison à ça.

Comme à un moment donné, j’ai compris, que sa dépression m’avait apporté une certaine force et du courage. Celle que je considérais à l’époque comme fragile et vulnérable, celle à laquelle je n’avais pas envie de trop ressembler, m’apparaît aujourd’hui comme une battante, une courageuse, comme une femme qui a pris sa vie à bras le corps malgré les failles et qui a décidé de faire face.

J’attends de voir si un jour la vie me révèlera pourquoi le grand Esprit a décider de me priver de cet adieu.

Mais je ne vais pas me dégonfler : ce soir, je lirai les dernières pages de Delphine de Vigan, quoi qu’il puisse m’en coûter.

Edit : je viens de lire les dernières pages. Certes, les filles de Lucile ont eu droit à une lettre d’adieu (qui m’a fait pleurer comme une fontaine), mais comme moi, elles ont été privées de serrer leur maman une dernière fois dans leurs bras. Delphine de Vigan parle de larmes au goût d’enfance. Celles qu’elle a versées (qu’elle verse peut-être encore) celles que je verse maintenant. Et si je n’ai pas eu de lettre d’adieu, c’est parce maman ne pensait pas que son cancer allait la foudroyer alors que j’étais suspendue dans le ciel, en route pour aller la voir. Je crois qu’elle est partie alors que je volais entre Amsterdam et Genève. Et depuis, j’essaie de dealer avec ce sentiment de culpabilité qui me bouffe (j’aurais dû être là !) et ce sentiment de colère et d’injustice (nous nous sommes manquées de quelques heures!)

N’empêche, Delphine de Vigan ne le sait pas, elle ne le saura sans doute jamais mais son livre est pour moi un grand soulagement. Il a touillé au fond de moi, mais je crois aussi qu’il va m’aider à avancer. Je le relirai parce que ce n’est pas quelque chose qu’on digère comme ça, en une fois.

rien-ne-s-oppose-a-la-nuitC’est en terminant le livre que j’ai compris que cette belle et mystérieuse jeune femme est en fait la courageuse Lucile.